Parcelle57

Travail numérique où chaque image est reconstituée à partir de 9 à 16 photographies prises au 50 ou 80 mm, soit 300 Millions de pixels en moyenne, ce qui au final offre une profondeur de champ infinie, pas de flou, l'impression d'immersion dans le paysage, une grande précision des détails et la possibilité d'obtenir de très grands tirages sans perte de qualité.

  • 'Parcelle 57' "forêt du landais", Dordogne : chez moi...

    L'industrie sylvicole rase les dernières parcelles de forêts anciennes aux essences variées pour y replanter du pin maritime... Il ne reste rien des petits sentiers forestiers, chênes, souches de châtaigner, charmes, troènes, sorbiers et merisiers... rien des reptiles, coléoptères, batraciens, champignons, humus, invertébrés et tout le reste... le travail incessant des machines tassant, labourant et lessivant les sols y efface des décennies de vie racinaire et microbienne. Le paysage se transforme, l'économie veut cela... tant pis pour l'extinction de masse des espèces...

    Ces terres boisées appartenaient à l'humain, mais le nouvel alignement des pins ne laisse pousser que ronces et ajoncs et rend le sol acide et sec. Cette forêt là n'est même plus praticable à la marche, elle n'est plus qu'un produit financier.

    Au-delà, toute cette diversité de couleurs, d'odeurs, de matières, de faune et flore disparaissant, c'est aussi leurs souvenirs qui meurent jusqu'à oublier le nom des choses et cette part de vocabulaire qui disparait, notre langage amputé, moins de pensées et peu de poésie, totalitarisme doux et bien triste.

    En décembre 2012, la parcelle de bois n°57 sur le cadastre de mon village et contigüe à la maison connaissait le même sort. Souvenirs et parts d'enfance y disparurent, je n'y mis plus les pieds de l'hiver. Je me rendis compte que d'autres aussien étaient affectés et je décidais de commencer ce long travail d'interview vidéo: chasseurs, bûcherons, propriétaires terriens, agriculteurs, simples promeneurs. Un travail de cartographie aussi, comparaisons des vues satellites sur une décennie, etc...

    Puis j'y remis les pieds et fus frappé par l'esthétisme photographique du carnage que j'avais sous les yeux, là et partout autour. Comme replongé dans ces vieilles archives argentiques de la première guerre mondiale : paysages d'apocalypse, boue, terre éventrée, arbres arrachés gisant au sol comme des cadavres démembrés. Je photographiais ces paysages dévastés et leurs évolutions au fil du temps de 2013 à 2016.
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm
  • avm